Patagonie (25 février au 23 mars 2019)
- cyclolatinos
- 22 mars 2019
- 5 min de lecture
À la suite du "sprint" dont nous vous parlions dans le poste précédent, nous avons passé 5 jours dans une estancia au sud de Bariloche. C'était un moment divin et calme durant lequel nous avons pu nous reposer à fond avant d'attaquer la derniere partie de notre voyage. Nous en avons profiter pour monter à cheval et faire un peu de vélo "de descente" dans les montagnes entourant l'estancia. Nous avons encore pu goûter aux joies de l'asado argentino avec un magnifique agneau cuit devant un grand feu de bois durant plusieurs heures.
Après cette remise en forme, nous avons pris la route vers le chili en passant par le parque national "Los Alerces". Nous sommes entrés pour la première fois au Chili le 24 février par Futaleufu. Depuis déjà une cinquantaine de kilomètres, le fameux ripio avait commencé. Le ripio, c'est de la piste. Tout celui que nous avons connu du côté argentin était exécrable. On nous a dit qu'au Chili il serait meilleur mais entre Futaleufu et Villa Santa Lucia où nous avons rejoint la fameuse Carretera Austral, il était en mauvais état, très rocailleux et poussièreux. Il arrivait souvent que notre camarade de devant disparaisse dans un nuage de poussière envoyé par une horde de pick-ups ou bien par un camion qui ne s'était pas donné la peine de freiner en nous croisant.
Une fois sur la Carretera Austral, nous avons de nouveau profité de bitume jusqu'à Coyhaique, avant d'être plongé au plus profond de la nature de Patagonie, sur 600 km de piste, entre Coyhaique et Villa O'Higgins où s'achève la Carretera Austral.
Cette route mythique fut effectivement... fabuleuse! Pendant plus de 1000 kms, nous ne sommes passés que par une dizaine de tout petits villages et une ville, histoire de pouvoir se ravitailler de temps en temps. Il nous est arrivé de devoir prevoir de quoi manger pour 3 jours consécutifs car nous n'allions croiser la moindre supérette sur parfois plus de 230 km. Et sur la piste, ça prend plus de temps!
Mais quelle aventure, et surtout, quelle nature. Nous étions plongés dans des paysages féériques, entre montagnes couvertes d'une forte végétation et aux sommets enneigés et de nombreux lacs, cascades et rivières dans le fond des vallées. À mesure que nous descendions dans le sud, ces sommets enneigés se sont transformés en impressionnant glaciers qui s'érigeaient tout autour de nous. Du fait des minéraux contenus dans les glaciers, l'eau qui en coule est d'un bleu turquoise magnifique. La couleur des lacs et rivières s'en est vue transformée, rendant le spectacle encore plus fou. C'est la partie du voyage où nous avons le plus campé,12 nuits sur 14 pour être précis. Nous avons pu profiter d'abris en chemin tels que des petites maisons abandonnées ou autres petits refuges dédiés aux cyclistes où l'on a pu être à l'abri du vent et même profiter d'un bon feu pour nous réchauffer le soir après s'être lavé dans les cours d'eau glaciale. Ces logements gratuits compensaient légèrement le budget qui avait explosé dans cette région où rien n'est produit localement. Le tourisme et les coûts de transports sont tels que le prix de la vie est très élevé dans cette région relativement isolée.
D'un point de vue culturel, nous sentons que nous approchons de notre retour vers l'Europe. L'effet touristique de la Patagonie, en plus du fait que le Chili et l'Argentine soient des pays plus développés que ceux par lesquels nous sommes passés au nord, nous rapproche de plus en plus de notre standard européen. Le profond dépaysement andin nous manque un peu. Heureusement que la nature est là pour compenser.
Après 14 jours au Chili à parcourir la somptueuse carretera austral, on a traversé la frontière pour repasser vers l'Argentine. Ce fut une des plus belles journées de notre voyage. Nous avons pris le bateau le matin au lever du jour pour traverser le magnifique lac de O'Higgins. Nous avons ensuite fait 24 kms de traversée sportive sur chemin de terre entre la frontière chilienne (Candelario Mancilla) et argentine (Lago del Desierto) avec 6 km de sur un sentier de randonnée en forêt. Il nous a fallu porter notre vélo pour passer des rivières, des racines, des grosses pierres ou les troncs d'arbres qui nous barraient la route. Pour couronner le tout, nous avons passé une nuit en bord de lac avec une vue imprenable sur le Fitz Roy. C'était magique !!
Arrivés à El Chalten, nous avons ensuite fait 2 jours de trekking dans le fameux "parque nacional de los glaciares" où nous avons pu apprécier le spectacle offert par la chaîne des andes australes, et avec comme principaux coups de cœur, le Cerro Torre et bien entendu, le Fitz Roy. S'en sont suivis 2 jours de traversée vers El Calafate durant laquelle nous avons pu admirer de très près des dizaines de condors et autres rapaces en tout genre. Dans ces grandes étendues nous avons également croisé d'innombrables guanacos, autruches, renards, chevaux en liberté et flamands roses. Arrivés à El Calafate, ville également extrêmement touristique, nous avons été voir l'incontournable glacier du Perito Moreno, qui se jette dans le lago argentino. Cette paroi de glace allant de 40 à 70 mètres à pic est juste à couper le souffle, sans parler du spectacle offert par les bouts de glace qui s'en détachent dans un grand fracas avant d'atterrir dans le lac et de créer une telle vague que Libourg était fort tenté d'aller en surfer une!
En quittant El Calafate, retour à la pampa et aux vents puissants. Nous sommes d'ailleurs tombés à court de nourriture car nous avons fini par faire en 3 jours un trajet que l'on comptait avoir parcouru en 2. Sur plus de 200kms, entre El Calafate et Puerto Natales, à nouveau au Chili et où nous sommes maintenant, c'est un vent d'environ 50km/h avec des rafales à 55-60 km/h que nous avons eu de face. C'était extrêmement fatiguant!! Heureusement que nous sommes 3 pour pouvoir de temps en temps se réfugier à l'arrière du petit peloton.
Cap maintenant sur Punta Arenas, nous espérons que le changement de direction nous mettra à bon vent, sans quoi il serait difficile d'atteindre Ushuaïa dans les temps.
Aller, la Patagonie c'est avant tout de la nature et nous espérons que les photos vous feront voyager avec nous depuis chez vous ou où que vous soyez !
On se reparle au bout de ce périple qui touche déjà à sa fin dans quelques jours. C'est dur à accepter mais nous gardons nos têtes pleines de souvenirs impérissables et profitons encore de chaque moment d'ici notre vol à Ushuaïa le 4 avril.
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